Nous sommes heureux de partager avec vous ces doux mots, ces quelques poèmes au Jardin
Les colchiques
Perce-neige, larmes de neige
Clochettes blanches et discrètes,
Symbole de pureté, de virginité,
Elles sont les premières à passer la tête,
A la fin de l’hiver, sous le soleil givré.
Messagères printanières,
Pressées de nous annoncer :
Voyez, la nature s’est réveillée !
Espoir de jours meilleurs, regain de lumière.
« Cloches de la Chandeleur »
Chez nous fleurissent.
« Larmes d’Eve » en Angleterre,
Les jardins embellissent.
Perce, perce-neige, ghiocel*, ghiocei*,
A l’honneur en Bulgarie, en Moldavie,
Egalement en Roumanie
Où mon amie Maria se réjouit
Quand arrive enfin, victorieuse,
La Fée du Printemps.
Souvenirs magiques, époque merveilleuse,
Traditions, parfum d’antan.
Le premier jour de martie*,
Les cœurs bourgeonnent, les sentiments aussi.
Des bouquets de perce-neige,
Les garçons offrent aux filles,
Perce, perce-neige, ghiocel*, ghiocei*,
Les hommes aux dames, aux demoiselles,
Un présent pour leurs belles :
Un porte-bonheur, un talisman,
Deux fils tressés ensemble, rouge et blanc.
Vive le mois de mars, martisor*, martisoare* !
Vieilles légendes slaves de fée, de sorcière :
Zina primavara*, Baba Dochia*.
Accueillons le printemps que voilà !
Catherine Reiss – 2016 © texte et photo (tous droits réservés)
Notes : en roumain
*martie = mois de mars
*ghiocel = perce-neige (singulier)
*ghiocei = perce-neige (pluriel)
*martisor = nom du talisman (singulier)
*martisoare = nom du talisman (pluriel)
*Zina primavara : nom d’une fée
*Baba Dochia : nom d’une sorcière
Rouge garance
C’était un teinturier, un brave garancier,
Qui faisait avec peine et sérieux son métier,
Et pour honorer les commandes des drapiers,
Il garançait, garançait toute la journée.
Pour teindre en rouge les pantalons des grenadiers,
Les étoffes dans ses cuves, de son œil, il couvait,
Lorsque la couleur souhaitée il obtenait,
La satisfaction sur son visage se lisait.
Il passait sa vie à fabriquer cette couleur,
Pendant que les soldats y sacrifiaient la leur.
Pour lui ce dur labeur était un grand honneur,
Car portée pour son pays par ses défenseurs.
Petite plante herbacée, garance tu fus nommée.
Au grand jamais tu n’aurais pu t’imaginer,
Qu’après cueillette et racine bien séchée,
Draps, tissus, et laines tu illuminerais !
2016 © texte Catherine Reiss et photo René Reiss (tous droits réservés)
Boutons d’or
Boutons d’or, boutons dorés,
Pépites d’or parsemées sur l’onde verte,
Poussées par la délicate brise
Telles des vagues de flammettes blondes,
Serpentent et s’étirent jusqu’à l’infini.
Boutons d’or, boutons dorés,
Milliers de petits soleils radieux,
Minuscules pièges à lumière,
Cueillis en bouquets par les orpailleurs des prés.
L’abondante rivière florale
S’écoule paisiblement dans la riante campagne.
Les yeux éblouis se noient
Dans les flots impassibles de la mère-prairie.
2017 © texte Catherine Reiss et photo René Reiss (tous droits réservés)
Safran, mon beau safran …
Un brave cultivateur amoureux de sa terre,
Se rendit sur un de ses champs mis en jachère,
Que le jour d’avant, profitant d’un bel été,
Pour semailles automnales, venait de labourer.
Arrivé sur les lieux, il fut plus que surpris :
De nombreux crocus le sol avaient envahi.
Qui les avait plantés là ? C’était un mystère !
Il se rappela l’histoire que son défunt père
Jadis lui racontait, ainsi qu’à tous ses frères.
Il arrivait parfois qu’une malicieuse fée,
Au cours d’une de ces plaisantes nuits étoilées,
Oriane, l’espiègle magicienne la bien-nommée,
A cause de sa chevelure dorée comme les blés,
Petits tours aux jardiniers aimait jouer.
L’horticulteur tout étonné et bouche bée,
Vit apparaître devant lui la bonne fée.
« Je suis la gardienne de ces lieux, cher ami,
Admire ces petites plantes que pour toi j’ai choisies.
Elles teintent en jaune, plats en cuisine, pâtisseries,
Même les anxieux grâce à elles seront guéris.
Elles me ressemblent, et cela sans me vanter,
Comme elles, je promets bonheur, jeunesse et gaieté.
Alors maintenant, regarde bien devant toi ! »
Puis fièrement elle clama : « Crocus ouvre-toi ! »
Aussitôt toutes les fleurs de crocus s’ouvrirent,
Trois filaments rouge vif de leurs cœurs d’or jaillirent :
Un trésor pour le cultivateur ébloui !
En attendant de reprendre tous ses esprits,
Le paysan resta planté là, ébahi.
Et la fée Oriane, contente du tour réussi,
Sur le sinueux chemin, s’en alla gaiement,
S’éloignant en chantant : « Safran, mon beau safran,
De ta belle couleur dorée, ne puis me lasser.
Demain oui, oui demain, je recommencerai ! »
Catherine Reiss – 2016 © texte et photo (tous droits réservés)
Or rouge
Or rouge, or des champs,
Crocus sativus ou communément safran,
Ce sol tu as embelli
De tes fleurs tendres, bleutées, fragiles.
Sur ce lopin de terre que l’on croyait endormi,
Un coup de baguette magique aura suffi
Pour qu’un matin, tu décidas de renaître à la vie.
Or rouge, or des champs,
Couvé des yeux par le safranier passionné,
Précieuse merveille de dame nature,
Chaque automne, capricieuse, tu sais te faire désirer
Par celui qui patiemment attend ta délivrance,
Le bon moment pour te cueillir à point.
Quand, frêles plantes, tes délicates pétales s’ouvrent,
On assiste à la naissance
En ton coeur, des triplés que tu as porté :
Trois plumes rouges,
Stigmates couleur sang, ton trésor.
Quand tu fleuris,
Pendant un court instant le ciel s’assombrit,
Car le soleil pour son image
Y prend ombrage.
Au bel exploit néanmoins il rend hommage.
Or rouge, or des champs,
Epice chaleureuse, couleur ambre,
Alliée des cuisiniers, des pâtissiers.
Les anxieux tu guéris, les âmes stressées aussi.
Aux insectes, aux abeilles, tu offres discrètes orgies,
Or rouge, or des champs,
Crocus sativus, fabuleux safran !
Catherine Reiss – 2016 © texte et photo (tous droits réservés)
Iris
Pétales veloutés, irisés,
Scintillants, splendeurs de l’été,
Au nord de l’Inde, les iris sont nés.
Mystérieux, changeants,
Se drapent de diverses teintes nuancées.
Port de majesté,
Droits comme des épées,
Puissants !
Au temps des pyramides, plantes sacrées.
Dans la Grèce antique, Iris,
Messagère des Dieux,
Déesse de l’arc-en-ciel,
Descendait de l’Olympe sa demeure.
Légère, ailée, porteuse de bonnes nouvelles,
Passerelle et voile aux sept couleurs
Reliant la terre et les Cieux,
Flottant dans les airs.
L’iris, l’œil du paradis,
Véritable or bleu,
Parfum élégant et précieux,
Essence rare portée par Catherine de Médicis.
Fleur des blasons royaux français
Et non point la fleur de lys,
Noblesse lui fut donnée par Clovis.
Doyenne des fleurs cultivées,
Van Gogh charmé, révéla toute leur beauté.
Catherine Reiss – 2017 © texte et photo (tous droits réservés)
Fleurs à volonté
Choisir un bouquet
Sans se planter,
Fleurs et végétaux offrez à volonté !
Pour les fraîches jeunes filles,
Du lilas, des roses blanches.
Pour les éphèbes, les jeunes hommes,
Flattez l’image avec des narcisses.
Couronnez de myrte les fiancées, les mariées.
Couronnes impériales pour les princes,
Leurs courtisans méritent bien des tournesols !
Pour les rêveurs, les paresseux,
Optez pour le pavot.
L’âme du poète sera séduite par l’églantine.
Aux modestes, offrez des violettes.
Aux timides, des bleuets.
Aux goujats, des mufliers.
Aux vainqueurs, des lauriers.
Une cassette d’oseille comblera les avares.
Les pauvres apprécieront la monnaie du pape.
Faites tinter aux oreilles des bavards
Des clochettes, des campanules.
Pour les personnes rayonnantes, des flamboyants.
Et pour les couples,
Pourquoi pas des langues de belle-mère ?
Réservez pour vos amis des brassées d’immortelles,
Et pour les amoureux,
N’oubliez pas le myosotis !
En pot, à l’unité,
Osez avec humour,
Selon l’humeur du jour !
Texte Catherine Reiss et photo René Reiss – 2017 © texte et photo (tous droits réservés)
[/su_column]Violette
Viola si modeste et très coquette,
Dès l’Antiquité, connut le succès.
Vulcain, tout parfumé de violette,
De Vénus, enfin, obtint un baiser.
Belle couleur, senteur suave et douceur
De Toulouse en est la spécialité :
Pralines, confiseries, pâtes de fleurs,
Confitures et sirops à volonté.
Son parfum, elle répand la mignonnette,
Naturellement, sans chercher à briller.
Allons, chantons, chantons la violette,
Même en tisane, guérit les enroués.
2016 © texte Catherine Reiss et photo René Reiss (tous droits réservés)
Trois petits cèdres de Chypre
Trois petits cèdres, sur l’île de l’Amour,
Comme Aphrodite, y virent aussi le jour.
Eux, sur les pentes du massif de Troodos,
Près du mont Olympe, plutôt à son pied,
Elle, de l’écume, sur la côte de Paphos,
Là où se jette la mer sur les rochers.
Aux nombreux ravages des hommes et du temps,
Leurs ancêtres résistèrent vaillamment.
Aujourd’hui, ont presque tous disparu,
Seuls quelques frères « d’arbres » ont survécu.
Trois petits cèdres de l’île de l’Amour,
Sont bien partis et cela pour toujours,
Avec des amis de bonne volonté,
De l’île ensoleillée, sont exilés.
Loin de leur terre nourricière chypriote,
De Saverne, devenus les précieux hôtes.
Trois petits cèdres, au sommet du Col,
Ont grandi, puisant force dans ce sol.
A défaut de l’horizon azuré
De la lointaine Méditerranée,
Au loin des Vosges la ligne bleutée,
Le trio adopté, enraciné.
Trois petits cèdres grâce au bon secours,
Ont presque trente ans d’âge, un long parcours !
Le plus grand d’entre eux, après tant d’années,
Ses bienfaiteurs, voulut récompenser.
Il porte ses nombreux cônes avec fierté,
Comme des bougies vers le ciel dressées.
Ils adressent prière, n’ont qu’un seul souhait
Que leur descendance puisse reboiser
Chypre, Chypre leur chère île bien-aimée.
Trois petits cèdres avec nostalgie
Rêvent souvent de revoir leur pays.
2016 © texte Catherine Reiss et photo Danielle Luttenschlager (tous droits réservés)
Capucine
Oui, chantons la capucine
Qui se sent si bien chez nous,
Elle qui par ses origines,
Fut pépite d’or du Pérou.
Fleur d’amour on la surnomme,
A cause de son goût poivré
Pourquoi s’en priver en somme ?
Elle est si belle à croquer !
Jaune, rouge ou orangée,
Foison de taches colorées,
Dans rocaille et potagers,
Ravit nos yeux en été.
Venue chez nous de très loin,
Issue d’un pays andin,
Ta capuche en forme de fleur
Aux Capucins fait honneur.
Capucine, capucine,
Cinq pétales, bonne mine,
On te nomme en Italie
« Cappuccino » ma jolie.
Oui, chantons la capucine
Y’en a de belles chez nous !
Tant pis si la voisine
N’en possède pas comme nous !
2016 © texte Catherine Reiss et photo René Reiss (tous droits réservés)
Primevère
Coucou, je suis la petite primevère,
Celle qu’en premier, dans les prés, on verra,
Et que les galants accrocheront au revers,
Quand enfin, le doux printemps reviendra.
De prime abord, banale fleur en ombelle,
Mais belle couleur or et senteur de miel.
J’imprime ma présence toujours en jaune et en vert,
Et avec courage, je chasse l’hiver.
De gros bouquets, les enfants cueilleront,
Et en classe, les coucous en jaune et vert,
Journées studieuses et leçons embelliront.
Primula, les maîtres la nommeront !
2016 © texte Catherine Reiss et photo René Reiss (tous droits réservés)
Glycine
Elégante étole de la belle saison,
Elle grimpe, elle court la glycine
Le long de la maison.
Elle attire tous les regards
La belle améthyste.
Du soleil ne craint pas le dard,
Mais se méfie du moindre vent.
Cascades de fleurs s’épanouissent au printemps,
Roses, blanches ou mauves,
Grappes au parfum doux et suave.
Lianes qui s’entrelacent, pieds noueux,
Les jeux de la hampe se révèlent dangereux.
Etouffante étreinte, ennemie de la gouttière,
Vigoureuse, puissante, généreuse,
Dans nos jardins devenue populaire.
Fleur des poètes, muse de la prose,
Pour Monet également prit la pose.
Elle sied aux romantiques,
La charmeuse asiatique.
La Chine ou le Japon pour origine,
Venue de loin nous conquérir :
La glycine.
Texte Catherine Reiss et photo René Reiss 2017 © texte et photo (tous droits réservés)
Muguet
Au cœur des forêts profondes,
Sur la terre humide et féconde
S’épanouit le muguet
Ou Lily of the Valley
Comme le nomment les Anglais.
Frêles brins d’une blancheur immaculée
Rehaussés d’une ganse verte,
Gri-gri des Celtes,
Fleur nationale des Finlandais :
Grappes au délicieux parfum.
Des bals du muguet, qui se souvient ?
La tradition, jusqu’à nos jours bien ancrée,
Du muguet offert début mai,
Par le jeune roi Charles IX, fut lancée.
Ces griffes à treize clochettes, offrez !
Chance, espoir, joie, souhaitez !
Célébrez gaiement vos noces de muguet
Après treize années de bonheur couronnées.
Et puis, faites ce qu’il vous plaît,
C’est l’adage du joli mois de mai !
Catherine Reiss - 2017 © texte et photo (tous droits réservés)
Le Sabot de Vénus
Vénus, un soir d’été, par l’orage surprise,
Egara dans les bois son riche brodequin,
Chamarré d’ambre et d’or, et dont la forme exquise
Semblait l’oeuvre de choix du plus adroit lutin.
Un mortel le trouva qui crut avoir l’affaire
A quelque précieux et magique trésor;
Mais, dès qu’il l’eût touché de sa main téméraire,
Il vit s’évanouir le petit sabot d’or.
Et voici qu’aussitôt une fleur gracieuse
Poussa, fraîche et brillante au milieu du gazon;
Et les dieux de chanter la grâce merveilleuse
Que le sabot divin prit en sa floraison
Henry CORREVON
« Les orchidées rustiques », 1893